ApiR

ApiR : Modulation de la résistance de l’abeille domestique à l’action combinée d’un stress pathogène et d’un stress chimique

2015-2017 - Programme de Recherche - Région Poitou-Charentes

ruche d'observation

Il est aujourd’hui largement admis que les phénomènes de dépopulations observés chez l’abeille domestique (Apis mellifera) sont le résultat de coexpositions chimiques et/ou biotiques. En dehors d’effets additifs ou synergiques facilement quantifiables liés à l’association simultanée de plusieurs facteurs de stress, on s’intéresse de plus en plus à l’effet des pesticides sur l’immunité des abeilles vis-à-vis de certains pathogènes, et donc leur aptitude à résister à certaines maladies en présence de ces xénobiotiques. On sait par ailleurs qu’une abeille contaminée par un pathogène est plus sensible, donc résiste moins, aux effets des pesticides. Ces travaux, relativement récents, sont réalisés sur l’abeille adulte et au niveau des individus sans mesure précise de l’impact des phénomènes observés à l’échelle de la colonie. Dans ces conditions, nous avons choisi de pallier ce manque en étudiant les effets, seuls et associés, à court et long termes, d’une exposition orale et chronique à un pesticide et un pathogène (agent de la loque américaine Paenibacillus larvae) au cours du développement larvaire de l’abeille, sur les adultes résultants, et sur les colonies. Le choix de P. larvae est justifié par sa répartition mondiale et du fait que cette maladie est la plus dévastatrice du couvain. Pour la pression pesticide, deux molécules de nature et mode d’action différents et couramment employées sur des cultures visitées par l’abeille seront testées et analysées: la lambda-cyhalothrine (insecticide) et le boscalide (fongicide). Au travers de l‘approche expérimentale combinant l'élevage des larves au laboratoire par la méthode in vitro, et l'analyse comportementale des adultes au sein de microcolonies en conditions semi-naturelles, nous avons étudié les traits d’histoires de vie des ouvrières sur la totalité de leur cycle, larvaire et adulte : survie, durée de développement, longévité, participation aux tâches sociales de la colonie (polyéthisme), interactions entre congénères. Ces travaux révèlent très nettement l’accentuation des effets liés à la bi ou tri exposition notamment sur la mortalité. Ainsi une colonie faiblement infestée par des spores de Paenibacillus larvae voit son niveau de sensibilité accru à certains polluants à des doses censées être inoffensives. Ce phénomène pourrait expliquer les cas de mortalité les plus répandus pour lesquels aucun facteur évident n’est identifié. Nous avons également montré que des doses sublétales de pyriproxyfène, de boscalide et de P. larvae, modifient les profils des composés cuticulaires des larves d'abeilles mellifères et des ouvières adultes, qui pourraient être à l’origine de troubles comportementaux.

Responsable : Pierrick Aupinel - INRA Unité expérimentale Entomologie

Partenaires : INRA Unité expérimentale APIS, CTIS (Sarl), Université de Poitiers - Laboratoire Ecologie et Biologie des Interactions - Equipe Ecologie Evolution Symbiose - UMR CNRS 7267

Date de modification : 14 septembre 2023 | Date de création : 03 mai 2017 | Rédaction : Colombe Chevallereau