LISEA

LISEA : Importance du coquelicot pour l’abeille domestique en plaine agricole

2013-2017 - Programme de Recherche - Fondation LISEA

fleurs de coquelicot

Lors de la seconde moitié du XXème siècle, les paysages agricoles ont été profondément modifiés en raison de l'intensification de l'agriculture. Des perturbations dans tous les compartiments de la biodiversité ont été observées provoquant un déclin chez de nombreux taxons. L’abeille domestique (Apis mellifera L.) fait partie de ces espèces en déclin ; or elle fournit un service écosystémique de pollinisation indispensable pour les plantes sauvages et cultivées. La cause de ce déclin est multifactorielle où plusieurs paramètres de stress entreraient en synergie. La malnutrition fait partie de ces paramètres mis en causes. L’abeille se nourrit de nectar et pollen dont la qualité est très variable en fonction des plantes. Les agrosystèmes occupent désormais une part importante de nos territoires, 42% en Europe et 56% en France (Marot 2012). L’objectif de cette étude est d’étudier le régime alimentaire de l’abeille domestique en paysage agricole, pour la première fois à grande échelle spatiale et temporelle. Notre suivi de 200 colonies montre que la récolte du pollen par l’abeille n’est pas liée uniquement aux cultures, mais que la contribution des plantes adventices et des forêts et haies est considérable dans son alimentation (Requier et al. 2012a). Nous savons déjà qu’il sera donc indispensable de tenir compte de la conservation des adventices par des mesures de gestion (type mesure agro-environnementale) pour pérenniser le service de pollinisation offert par les abeilles en paysage agricole. De plus, cette flore adventice joue un rôle clé pendant la période où la population des ruches est justement à son maximum. Parmi ces adventices il en est une de première importance, le coquelicot, capable de fournir aux abeilles de très grosses quantités de pollen d’une qualité supérieure à la moyenne (Odoux et al. 2012).

Notre travail a permis d’évaluer les ressources disponibles pour les abeilles. Ainsi, sur les 4 années d’observation, nous avons recensé près de 20 000 patches de coquelicots sur la Zone Atelier Plaine et Val de Sèvre. Nous avons montré que 90% de ces patches et plus de la moitié des fleurs se situent en bordure de parcelle, dont 76% des patches en bordure de route. Les dates de récolte du pollen de Coquelicot par les abeilles sont croissantes avec l’apparition des fleurs puis diminuent progressivement. Nous avons constaté que la récolte de pollen de coquelicot est donc aujourd’hui moins importante que nous l’avions observée sur une période précédente. Pour les années 2014 à 2017, la proportion de pollen de coquelicot ne paraît pas corrélée de façon significative à la masse totale moyenne par rucher. On en retiendra donc que le pourcentage de coquelicot dans la récolte de pollen n’est pas un bon indicateur des ressources alternatives à la période de disette. Ces travaux révèlent également que les abeilles sont sensibles à une offre en pollen disponible à plus de 2500 mètres, ce qui correspond aux distances de butinage communément admises à la période considérée.

Organisme  chef de file : INRA - Unité expérimentale Entomologie
Responsable : Pierrick Aupinel
Chef de projet : Jean-François Odoux

Partenaires : INRA-Unité expérimentale APIS, CEBC-CNRS Chizé,

Date de modification : 14 septembre 2023 | Date de création : 04 mai 2017 | Rédaction : Colombe Chevallereau