RISQAPI

RISQAPI : Lien spatial entre usage des pesticides et risques d'affaiblissement des colonies d'abeilles en système de grandes cultures.

2013-2016 - Programme de Recherche - FEAGA

butineuse sur colza

Le programme RISQAPI avait pour objectifs (1) d’évaluer en conditions de pratiques apicoles réelles, sur un territoire de grandes cultures, l’impact des pressions phytosanitaires sur le développement et le maintien des colonies d’abeilles domestiques, et (2) de proposer une évaluation ex-ante d’indicateurs précoces des risques d’affaiblissements des colonies. Le projet s’appuie sur le postulat que les risques liés aux pratiques phytosanitaires ne sont pas fixes et immuables dans le temps et l’espace. Ainsi, l’approche développée dans ce projet quantifie et prend en compte d’autres facteurs de risques notables, dépendants du contexte environnemental, tels que les stress nutritionnels liés aux périodes de disette. Ce programme a été conçu et élaboré suite à des travaux menés par une partie des partenaires (INRA Avignon, INRA Poitou-Charentes, CNRS Chizé et ITSAP) lors du précédent programme apicole, montrant des effets indésirables de faibles doses de pesticides (thiaméthoxame) sur les aptitudes de navigation des abeilles butineuses en conditions de plein champs. Cette étude datée de 2012 a incité l’agence de sécurité́ alimentaire européenne (EFSA) à reconsidérer la déficience des procédures actuelles d’évaluation des risques des pesticides pour les abeilles et à recommander la mise en place de tests spécifiques des effets sublétaux. Les gouvernements européens ont ainsi voté un moratoire de deux ans interdisant l’utilisation des néonicotinoïdes en enrobage des semences de cultures fleuries à compter de décembre 2013. Cet épisode a marqué l’entrée en force des technologies de suivi individuel en plein champ (RFID, compteurs optiques) couplées à des approches de modélisation démographique comme méthodes innovantes permettant d’appréhender les actions synergiques des stress environnementaux sur les colonies d’abeilles et leurs capacités de résilience.

Nous avons pu montrer que la production annuelle de miel est favorisée par la présence de tournesol, des adventices a priori présentes dans le blé ou associées à la présence de blé (par exemple dans les bordures de parcelles), et par l’agriculture biologique (ou plus généralement, les mesures agro-environnementales – MAE) dans l’environnement des colonies (dans un rayon de 1,5 km, soit la distance moyenne de butinage). Les risques de désorientation des abeilles exposées à de faibles doses de néonicotinoïdes ont été confirmés et réévalués en fonction du contexte paysager et météorologique (Henry et al. 2014, Nature Commun.). Par ailleurs, nous avons également mis en évidence une contamination du nectar de colza par des résidus d’imidaclopride (Henry et al. 2015, Proc. R. Soc. B). D’un point de vue des ressources alimentaires, nous avons montré que pendant la disette printanière, les plantes adventices fournissent près de 50% du pollen aux abeilles domestiques dans les systèmes de grandes cultures. L’absence de ressources durant cette période de disette est responsable d’un affaiblissement des colonies. Nous avons enfin déterminé quels sont, a priori, les meilleurs indicateurs précoces de l’affaiblissement d’une colonie soumise à des stress multiples. Le modèle de ruche virtuelle Beehave a été utilisé pour simuler la dynamique théorique des colonies dans un système de grandes cultures telle que la zone atelier Plaine & Val de Sèvre. Le couvain d’ouvrière et la taille de la population sont les deux indicateurs démographiques ayant les meilleurs pouvoirs prédictifs et sur les plus longues portées, notamment pendant la période de tournesol/maïs.

Responsable scientifique : Mickaël HENRY- INRA - UR 406 Abeilles & Environnement

Partenaires : INRA– UR 406 Abeilles et Environnement (Avignon), ACTA-Association de Coordination Technique Agricole (Avignon), ITSAP-Institut de l’abeille (Avignon), CEBC-Centre d’Etudes Biologiques de Chizé – CNRS UPR 1934 – USC INRA/CNRS Agripop (Chizé), INRA Poitou-Charentes, Unité Expérimentale APIS (Surgères), ENSAIA – Laboratoire Agronomie et Environnement (Nancy), UMR 7205 MNHN-CNRS Origine, Structure et Evolution de la Biodiversité (Paris), Laboratoire L3I – Informatique, Image et Interaction (Université de La Rochelle), Environment and Sustainability Institute, University of Exeter (Exeter, UK ; personne ressource : Juliet Osborne).

Date de modification : 14 septembre 2023 | Date de création : 26 octobre 2017 | Rédaction : Colombe Chevallereau